- BEY
- BEYBEYTitre turc, signifiant seigneur, qui apparaît déjà, joint à divers noms, dans les inscriptions de l’Orkhon (VIIIe siècle); «bey» a un sens honorifique qu’il a d’ailleurs retrouvé à la fin de l’Empire ottoman comme équivalent de «monsieur». Entre-temps, après l’entrée des Turcs dans le monde musulman, le mot beg est apparu chez les Seldjoukides comme équivalent de l’arabe amîr (émir, c’est-à-dire chef militaire); chez les Ottomans, il a été utilisé pour désigner des fonctions militaires ou civiles de différents niveaux (beylerbeyi , sandjak beyi ) et a connu une certaine fortune en Afrique du Nord ottomane où le titre de bey fut porté par les chefs de l’armée; en Tunisie, lorsque ces chefs de l’armée se sont emparés du pouvoir, ils ont conservé ce titre de bey comme équivalent du mot souverain. Au XIXe siècle, il a été employé en Turquie, ajouté au prénom, pour qualifier des personnes d’un rang social ou politique élevé, puis a perdu cette utilisation privilégiée pour être appliqué à tous les individus, avec un sens voisin de «monsieur». Interdit officiellement en 1934, bey a été remplacé par le mot bay , placé devant le nom de famille, mais l’emploi de bey n’a pas disparu de la langue parlée.• 1532; Bay, dans un n. pr., 1423; turc beg « seigneur »♦ Hist. Titre porté par les souverains vassaux du sultan ou par certains hauts fonctionnaires turcs; ce souverain. Les beys de Tunis. ⊗ HOM. Bai, baie.bey ou (Liban) beyln. m. Titre porté par de hauts dignitaires dans l'Empire ottoman (ex. le chef des janissaires), par des souverains vassaux du sultan.— Les beys de Tunis: dynastie d'orig. ottomane qui régna sur la Tunisie de 1705 à 1957.⇒BEY, subst. masc.HISTOIREA.— [Dans l'anc. Empire ottoman] Gouverneur d'une ville, d'une province; officier supérieur, haut fonctionnaire, gros propriétaire :• 1. ... il [Bonaparte] fait avertir par la mer Rouge les gouverneurs de l'île de France et de l'île de Bourbon; il envoie ses salutations au sultan du Maroc et au bey de Tripoli; ...CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 2, 1848, p. 363.• 2. Ce fut Mehmed Djaleddin pacha qui entra. Piali bey le conduisait, lui prodiguant révérence sur révérence.FARRÈRE, L'Homme qui assassina, 1907, p. 187.B.— [Jusqu'en 1956] Souverain de Tunisie. Le Bey de Tunis (Ac. 1835-1932).Prononc. et Orth. :[
]. Autre forme beg (GOBINEAU, Nouvelles asiatiques, 1876, p. 183). Homon. : bai, baie. Étymol. et Hist. 1423 Mourart-Bay nom propre (Œuvres de Ghillebert de Lannoy ... recueillies et publiées par CH. POTVIN [...] Louvain, 1878, p. 66 cité par Arveiller dans Z. rom. Philol., t. 87, 1971, p. 527); 1519 Armadabey « id. » ([T. Spandugino] la généalogie du grand Turc a presant regnant, Paris, G iii r°, ibid.); 1532 bey (CHARRIÈRE, Relations du Levant I, 237, cité par Arveiller dans Mél. Dauzat, p. 24 : le grant interprète du Turcq, nommé Janus-bey, est en ceste ville venu ambassadeur dudit Turcq); 1554 bey empl. comme terme fr. autonome (Lettre de M. DE CODIGNAC, Nég. Lev., t. 2, p. 317 n dans ARV., loc. cit. : afin d'appeller à eux tous les sanjacques beys, gouverneurs des-dits confins). Empr. au turc beg « seigneur » (LOK.), FEW t. 19, p. 34a). Fréq. abs. littér. :85.
BBG. — ARVEILLER (R.). Mots orientaux, notes lexicol. In : [Mél. Dauzat (A.)]. Paris, 1951, p. 24. — BOULAN 1934, p. 182.bey [bɛ] n. m.❖♦ Hist. Titre porté par les souverains vassaux du sultan ou par certains hauts fonctionnaires turcs. || Le bey de Tunis. — REM. Le mot entre souvent dans la composition de noms propres, suivant un prénom pour marquer le respect : Janus-bey.❖DÉR. V. Beylik.HOM. Bai, baie.
Encyclopédie Universelle. 2012.